Réveil à 6h45, ça pique et il fait froid ! Un seau d’eau glaciale sur la tête pour Jojo, ça décoiffe. Bon petit déj avec riz + œuf ainsi que du thé/café ainsi que des genres de kakis et des biscuits bizarres. En route prout prout !
Nous gravissons la collinette aperçue la veille pendant 2 km. 100 m de dénivelé positif si tôt, on a un peu du mal…Mais par après c’est beaucoup plus simple, on marche sur une crête où un paysage magnifique s’ouvre devant nos yeux : vallées et collines qui forment un patchwork de piment, riz, gingembre, ail, oignon, tomates, bananes, bambou…Très peu d’arbres et très rural, tout se fait à la main (labour avec des buffles, récolte et battage du riz à la main…), même si un tracteur 4x4 solitaire vient prêter main forte. En chemin nous tombons sur un énorme arbre Banyan, aussi appelé « arbre du buddha », sacré pour les bouddhistes (ainsi que pour les hindous). Carol nous explique que les gens viennent mettre des supports sous les branches de l’arbre pour porter chance à leurs aieux.
Repas dans un petit village en mode zombie, on fait une petite sieste pour mieux repartir.
En chemin, nous passons par une pagode du 17ème siècle. A part un stupa doré âgé d’un an, le reste du site est assez délabré et ancien, ce qui lui donne un cachet vraiment unique, un genre de cité perdue dans la jungle.
Nous faisons une pausé thé chez une gentille mamie de l’ethnie Po o. Cette ethnie est la deuxième dans l’état Shan et dispose de son propre langage. Les enfants apprennent le birman à l’école et le po-o à la maison. Le costume traditionnel est un turban et des habits noirs, même si les jeunes de nos jours préfèrent des vêtements plus légers et clairs pour le travail dans les champs et portent les habits ancestraux lors de cérémonies.
Avant d’arriver dans notre village pour la nuit (Part-Tu), nous voyons des femmes récolter le riz à la faucille et en faire des « bottes ». Jojo s’essaye… Quelques fois ça va, mais récolter tout un champ à la main c’est du boulot, heureusement que les gens s’entre-aident ! Les hommes quant à eux récupèrent le riz et la paille séparée (après battage sur une grosse pierre) et les chargent sur des chariots. Le riz est pour leur consommation personnelle et la paille pour le bétail. Seul le riz produit dans certaines régions (Irrawady par exemple) est destiné à l’export. Il n’y a pas de rétribution financière pour les personnes venant aider, mais quand les champs de ces dernières sont prêtes à la récolte, tout le village vient prêter main forte, c’est du donnant donnant. Nous apercevons un convoi de fermiers sur des chariots tirés par des zébus, ça monte bien jusqu’à l’arrivée au village !
Jour 2 : 25 km. Nous arrivons à la maison où nous allons passer la nuit. Une maison sans électricité mais tout de même avec de la lumière grâce à des panneaux solaires (juste courant continu, pas d’onduleurs ni de prises AC). Pour couper une ampoule il faut débrancher un des fils, pas certain que ce soit aux normes tout ça :p Nous sommes chaleureusement reçus par les propriétaires de la maison : Meho et U Long Ji. Notre chambre se trouve à l’étage, il faut grimper un escalier escarpé en bois pour y parvenir. Nos lits sont à même le sol et chacun a deux couvertures (oh punaise, ca va cailler cette nuit), aucune isolation et pas de vitres aux fenêtres, juste des volets. C’est très rustique ici, mais ça a beaucoup de cachet ! Carol notre guide prépare à manger dans la cuisine qui est en fait une pièce avec un feu ouvert. Elle ne veut pas qu’on l’aide alors on se contente de l’observer… Un petit bout de femme de 20 ans, qui a marché autant que nous et qui se hâte encore à nous cuisiner des bonnes choses, c’est remarquable. Quelle énergie ! Jojo trouve une guitare (rose^^) et se hâte à nous jouer un morceau pendant la préparation du diner. L’ambiance est sympathique et joyeuse autour du feu, il y fait chaud ! La propriétaire vient nous voir et regarde nos mains… Elle dit en birman qu’on ne doit pas être mariées pour avoir des mains aussi belles… En général les mains de Gagane sont beaucoup plus abimées mais après 2 mois de voyage… Effectivement ! Carol nous prépare une soupe aux pois, un curry de bœuf (sauf pour Mégane qui aura un œuf sauce curry), des frites, des ladys fingers (doigts de femmes, un genre de haricot/paprika vert). Avec Jojo on tente la douche avant le repas… la douche se résume à une bassine d’eau froide (eau récupérée du puits juste à côté) et une petite cabane en bois pour se cacher. Il fait noir et ça caille pas mal, la douche sera rapide comme la veille… On lave juste ce qu’il faut et on ne rechigne pas. Mégane manque de finir dans l’étable avec les vaches, elle glisse juste devant la « douche » avec ses tongs… Jojo se marre bien et les vaches se sont demandées ce qu’il se passait. Le repas est plutôt silencieux, aujourd’hui nous avons bien marché et on ressent la fatigue de chacun ! On se régale avec le repas de Carol, puis on finit la soirée à jouer aux cartes tous ensemble. Jojo se fait un cuba libre, Carol lui trouve même un citron ! Pas besoin de glaçons, l’air ambiant s’en charge.